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savez-vous un refrain plus répété ? savez-vous, dans ce monde d’artisan, quelque chose plus fêté, plus vivement, plus naïvement senti, avec plus de passion et de cœur, que cette simple fusée qui sillonne les airs ? Tout un peuple regarde et applaudit ; à ce spectacle la pensée de tout un peuple est suspendue. Il y a un instant, instant rapide, où le peuple aux mille formes, aux désolantes colères, aux passions terribles, aux sentiments multiples, n’est plus un peuple : ce peuple n’est qu’un seul homme, abusé, oublieux, flâneur, curieux, innocent, et qui regarde en l’air. Ce peuple qui regarde, c’est le grand flandrin de vicomte, dans Molière, qui crache dans un puits pour faire des ronds. Oh ! si ce moment de béatitude et de contemplation silencieuse se prolongeait seulement un jour, qu’il serait facile de gouverner !

Dans les airs la fête enflammée est à son plus beau moment ; tout un pont de feu s’étend dans les nuages ; sur ce pont des armées