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maître

plus abject : nous savons à point nommé quand nos maîtres manquent d’argent ou de courage ; nous savons quand ils pleurent ; nous connaissons leurs maladies les plus cachées ; nous mettons le doigt sur leurs plaies les plus secrètes ils ne se gênent pas avec nous pourquoi voudriez-vous qu’ils fussent des hommes pour nous, nous ne sommes pas des hommes pour eux. Aussi, malgré moi, malheureux que je suis, je méprise les hommes pour les avoir vus dans leur intérieur ; ce qu’on appelle le monde est pour moi une chose informe et déplaisante voilà un bien beau monde, n’est-ce pas ? Oui, un beau monde pour celui qui ignore combien il a fallu de mains, de parfums, de brosses, de faux cheveux et de faux mollets pour le rendre supportable trois heures durant.

Ainsi parla notre homme ; mais, comme je vous le dis, il parla avec une éloquence incomparable et que rien ne peut rendre. Au milieu de toute cette colère, il eut des aperçus très-fins et très-ingénieux qui me frap-