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LES DÉTENUS

ils cherchent tout simplement les beaux lieux habités par leurs amours. Là ils ont tremblé, là ils ont aimé, là ils ont souffert ! là ils ont jeté à des pieds aimés leur cœur, leur liberté, leur fortune ! là elle respire encore, elle aime encore, elle les aime peut-être encore ! Que de joies dans ces murs ! que de belles nuits brillantes ! que de chansons de vin et d’amour ! À ces pensées le cœur bat plus vite, le regard s’anime, l’espérance revient et les voilà qui, dans leur cœur, chantent la petite chanson de Mozart : Assis sous ta fenêtre. — Pauvres don Juan captifs !

Cependant que fait-elle celle qu’il aime ? où donc est-elle la beauté qui ouvrit à son amant les portes de cette prison qui changea en chaînes de fer ces liens de fleurs ? A-t-elle oublié son captif ? a-t-elle brisé une autre liberté ? a-t-elle dévoré une autre fortune ? Que fait-elle dans sa solitude et dans son silence ? Si elle eût voulu, elle se serait fait pardonner à force de beauté : elle est si belle ! à force de