se livrerait le plus à la danse corps et âme. Quant à Baudelot, il partageait de son mieux ce plaisir convulsif ; il était le seul, dans toute cette foule, qui s’amusât naturellement, le seul dont le sourire ne fût pas forcé, le seul dont la danse fût légère et gracieuse ; les autres s’amusaient à force de terreur, ils s’enivraient jusqu’au délire à l’aspect de ce beau jeune homme qui dansait sans porter ombrage aux hommes et tout en faisant rêver les femmes. Baudelot était le roi de la fête bien plus que le fiancé lui-même, bien plus que la fiancée ; Baudelot était le fiancé de l’échafaud ! Le bal, animé par tant de passions diverses, par tant de terreurs, par tant d’intérêts sanglants, s’empara de ces hommes de toutes manières. Baudelot était partout, saluant les vieilles femmes en roi de France, les jeunes avec admiration et bonheur, parlant aux hommes le fou langage de la jeunesse, langage naturel mêlé d’esprit ; il n’y avait pas jusqu’aux violons auxquels Baudelot n’indiquât les airs les plus
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