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LE MARIAGE.

les ruines d’un monde ne suffiraient pas à intimider celle que tout à l’heure le moindre signe de mécontentement faisait frémir.

Éléonore de Mailly était donc fort triste et fort abattue. Les compagnes de son enfance imitaient son abattement et son silence. Jamais vous n’aviez vu une fête bretonne aussi triste ; on sentait dans ce bal une confusion inexplicable : rien n’allait, ni la danse, ni les danseuses ; le malaise était général. Les jeunes gens eux-mêmes, près des jeunes belles demoiselles, ne cherchaient pas à plaire ; et le bal était à peine commencé que déjà tout le monde, sans que personne pût se dire pourquoi, désirait que le bal fût bientôt fini.

Tout à coup la porte de la vaste salle s’ouvrit lentement, et je ne sais pourquoi tous les regards se portèrent en même temps sur cette porte ; mais il est vrai que l’assemblée n’eut à cet instant qu’un seul regard, tant ce bal cherchait avidement une distraction à ses ennuis. Alors par cette porte, entr’ouverte