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LES DÉMOLISSEURS.

merce n’a rien à gagner dans ces nobles solitudes. Le commerce aime le bruit, la foule, la boue de la rue, l’éclat des lumières, le vice des carrefours ; le commerce se plaît à la porte des théâtres et des maisons de jeux ; il habite de préférence les mêmes quartiers que le vice et le luxe, ce grand vice si légitime. Laissez donc le commerce dans ses quartiers de prédilection : à la spéculation le Palais-Royal et la rue Vivienne, et les éclatants boulevarts et les rues tumultueuses des quartiers Saint-Denis et Saint-Martin ; à l’agio les cris aigus, les passions violentes, les besoins sans cesse renaissants, les violents caprices plus exigeants que le besoin ; mais, par pitié pour le commerce, votre amour, et surtout par pitié pour nous, ne le jetez pas à l’improviste dans les grandes belles rues où l’on ne passe qu’en voiture, dans les quartiers magnifiques où toute muraille est silencieuse, où toute porte est fermée, parmi ces riches hôtels que le commerce est obligé de renverser pour s’y faire un nid