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LES DÉMOLISSEURS.

repliait respectueusement sur les maisons voisines ; de tes somptueuses fenêtres, largement ouvertes, on voyait la Seine se déroulant au loin ; le château des Tuileries te saluait chaque matin avec un sourire royal, comme une maison de son architecture et de son marbre, de son esprit et de son sang ; tu étais le Montmorency de ce Bourbon ; le Louvre te disait ma cousine ; tu étais noble entre toutes les nobles, riche entre toutes les riches ; malgré lui et sans le savoir, le plus féroce républicain levait son chapeau quand par hasard il franchissait le seuil de ta porte ; tu étais le respect et la joie de ton quartier ; tu étais l’emplacement heureux où nous bâtissions nos songes d’automne ; le passant qui avait lu Voisenon et Crébillon fils te regardait d’un œil humide ; tu étais le témoignage élégant d’un siècle digne de tous nos regrets ! En ce temps-là, en effet, les hommes, plus sensés et plus respectueux pour eux-mêmes, se figuraient qu’il était impossible de vivre