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LES DÉMOLISSEURS.

voir si vous pouvez entrer. » Et elle grimpait, légère comme une abeille, à l’échelle d’acajou et de soie qui menait aux appartements de sa maîtresse ; car les caprices de cette demeure étaient sans nombre comme les charmants caprices de celle qui l’habitait. Le plain-pied bourgeois était inconnu dans cet asile de la bonne grâce et du bon goût : on marchait par mille charmants zigzags qui vous jetaient l’esprit et le cœur dans une charmante torture. Les appartements affectaient toutes les formes : après l’antichambre vaste, aérée, tout en marbre, vous entriez dans ce joli petit salon vert (vous vous en souvenez, Ernest). Le plafond du petit salon représentait l’Aurore aux doigts de roses : l’Aurore attelait les chevaux de Phébus. Phébus, c’était M. le maréchal de Richelieu ; l’Aurore, c’était Mme la comtesse Dubarry. Sur ces murs un habile élève de Watteau avait jeté çà et là, dans de gras pâturages, les plus jolis petits moutons, gardés par la plus jolie petite ber-