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LES DÉMOLISSEURS.

d’une triste obéissance, était venue, et, en un clin d’œil, ils avaient arraché ces murailles superbes, ils avaient abattu ces plafonds magnifiques, ils avaient réduit en poudre ces plâtres précieux chargés d’or et de peinture. On voyait cette maison à nu comme on voit le cœur humain dans un cadavre entr’ouvert ; c’était une destruction violente, imprévue, subite ; un coup de poignard ne ferait pas mieux et plus vite. Donc je m’arrêtai tristement devant cette maison devenue cadavre que j’avais vue la veille si vivante et si vivace. J’étais comme un homme qui, au détour d’une rue, trouve son ami assassiné ; il l’avait laissé la veille bien portant. « Mais, en effet, est-ce bien lui ? » Et alors on regarde ce cadavre au visage, dans le vague espoir de ne pas le reconnaître. Moi aussi je contemplais cette maison assassinée ; mais les sicaires l’avaient déjà défigurée à ne plus la reconnaître. Cette cour à l’élégant péristyle tout en pierre, d’où il me semblait à chaque instant voir descen-