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LE DÎNER

— Il faut que je vous donne quelque chose, vous emporterez quelque chose de moi, un chant tout neuf, quelque chose pour vous, pour vous seul.

En même temps il quitta son piano et s’approcha de sa fenêtre : il se mit à battre la vitre de sa main droite comme il avait fait chez le marchand de musique ; il s’écoutait au-dedans, il composait.

Et il me remit ce morceau que j’ai encore, qu’il a touché de ses mains, qu’il a composé avec son génie, et dont je vous livrerai une copie, afin de donner à ce récit toute l’authenticité dont il a besoin.

Je quittai ce digne vieillard rempli d’admiration et de pitié, je le quittai pénétré de respect, honteux pour l’Allemagne et pour l’Europe de la misère et de l’abandon où je le voyais. Pour lui, il avait passé une bonne journée ; il avait mangé du veau rôti, il avait bu du vin du Rhin, il avait exécute sa musique sur son piano. Il m’accompagna jusqu’à sa