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la vaste cuisine. Comme son odorat eût été agréablement réjoui, à lui, le pauvre sourd ! Cependant l’hôtesse préparait elle-même mon rôti de veau sur un grand plat.

— Et pourquoi, lui dis-je, n’avez-vous pas voulu tout à l’heure donner à ce pauvre diable de Beethoven le morceau de veau qu’il vous demandait ?

— Monsieur, dit l’hôtesse, cet homme est un dissipateur qui mange tout, un gourmand qui veut de la viande tous les jours. À peine a-t-il de l’argent qu’il me l’apporte. J’en reçois le moins que je puis, par pitié pour lui, ce pauvre homme ; et d’ailleurs je l’ai bien promis à sa gouvernante, monsieur.

Pauvre Beethoven ! pauvre grand homme ! malheureux noble artiste ! ambitieux qui veut manger du rôti chaud ou froid tous les jours !

— Madame, repris-je, quel est le vin de Beethoven ?

— Dam, monsieur, dit l’hôtesse, je n’en sais rien. Ces gens-là boivent de tous les vins ;