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tête en était toute couverte ; on eût dit, à les voir hérissés pêle-mêle, en désordre, la crinière d’un lion ; et sous cette crinière brillait un petit œil, fauve, dont le regard se mariait merveilleusement avec un sourire sardonique et singulièrement spirituel. Cet homme marchait à pas inégaux, tantôt vite, tantôt lentement ; il regardait et souriait de côté et d’autre ; mais son regard était distrait, mais son sourire était amer, mais on voyait que c’était déjà un homme hors du monde réel, si tant est qu’il y eût jamais été. À la vue de cet homme je me sentis tout de suite intéressé et presque ému. Malgré moi je voulus savoir qui il était, et je le suivis. Après bien des allées et bien des venues, bien des tours et des détours, il entra chez le marchand de musique de la rue Kohlmarkt. Le marchand le reçut avec beaucoup de politesse ; il lui offrit un siège d’un air très-empressé, mais l’inconnu resta debout. Je ne pouvais pas l’entendre, mais je le voyais à travers les gla-