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bien-être qu’on éprouve sans savoir pourquoi. Mais, le jour dont je vous parle, il se faisait un grand silence dans la ville de M. de Metternich. Ce jour-là j’errais dans les rues au hasard, attendant l’heure de partir ; je devais quitter la ville le même soir.

À l’instant de mon plus grand désœuvrement je vis passer un homme dans la rue, un de ces hommes qu’on voit tout de suite, même dans la foule. La foule elle-même les voit et les remarque ; par je ne sais quel admirable instinct, elle se range contre la muraille pour les laisser passer, elle les salue du regard et de l’âme, elle les respecte sans savoir leurs noms, elle les reconnaît tout d’abord sans les avoir jamais vus.

Toutefois, en le voyant il était difficile de ne pas deviner que c’était un homme au-dessus des autres. Je le vois encore il avait une grosse tête touffue ; de longs cheveux, moitié gris, moitié noirs, chargeaient sa tête et tombaient par flocons de côté et d’autre ; sa