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bois de chêne ; ma brosse est à mes pieds haletante comme le chien de chasse qu’on tient en laisse. Viens, il est temps, Jenny. Et Jenny vient, docile comme l’imagination, docile et souple et prête à tout, à tout ce que l’art a d’innocence et de poésie. Allons, Jenny, pose-toi : je veux voir en toi une belle fille grecque, comme celles que vit Appelles quand elles posèrent pour la statue de la déesse. Tu es belle ainsi, ma jolie grecque, ma sévère beauté, mon Athénienne aux formes ravissantes ! Et, si je veux changer ma beauté cosmopolite, ma beauté change : la voilà Romaine, Romaine de l’Empire, Romaine comme les Romaines de Juvénal. Allons, Jenny, sors du festin, prête l’oreille aux chants des buveurs, relis-moi l’ode d’Horace à Glycère, à Nécra ; sois belle et riche, étends-toi dans ta litière portée par des esclaves gaulois ; remplace les bagues de l’hiver par l’or de l’été. Mais avant tout, avant de représenter l’ivresse, as-tu déjeuné ce matin, Jenny ?