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d’alfred johannot.

il s’est éloigné de son pâte modèle en sanglotant. Heureusement M. Gigoux avait déjà fait un beau portrait de ce pauvre grand artiste étendu là.

Mais ce que rien ne saurait exprimer, c’est la scène que voici, et que vous raconte un témoin oculaire. Ce témoin était dans la chambre du mort quand soudain une porte s’ouvre, et alors entre chez son frère bien-aimé, d’un pas ferme, Tony lui-même. Il voulait, lui aussi ; ne pas laisser partir le mort sans lui avoir rendu les derniers devoirs qu’il lui devait comme à son maître. Il s’approcha donc de ce lit funèbre, il découvrit cette tête si belle encore, puis il se mit à la dessiner. Oui, c’était là un spectacle touchant et rempli de larmes : ce jeune homme mort et cet autre jeune homme qui dessine d’une main ferme ; celui-ci, qui a tant souffert, reposant enfin dans son linceul, et celui-là, qui a tant pleuré, qui essuie un instant ses larmes pour mieux voir une dernière fois son dernier