Page:Janin - Les catacombes, tome 5.djvu/13

Cette page a été validée par deux contributeurs.

nille les couleurs riantes, les formes légères, les ravissantes apparitions de mon voyage d’Italie. Reste là, reste, Jenny, sous mon pinceau, sur ma toile, dans mon âme, sous mon regard charmé. Que de métamorphoses tu vas subir ! Vierge sainte, on t’adore, les hommes se prosternent à tes pieds ; jolie fille au doux sourire, les jeunes gens te rêvent et te font des vers. Sois plus grave, relève tes sourcils arqués, réprime ce sourire : je te fais reine grande dame ; après quoi, si tu veux poser ta tête sur ta main, si tu veux mollement sourire, si tu veux t’abandonner à la poétique langueur d’une fille qui rêve, je fais de toi plus qu’une vierge : je te crée la maîtresse de Raphaël ou de Rubens. Pauvre fille, c’est beaucoup plus que si je te faisais la maîtresse d’un roi !

Jenny ! inépuisable Jenny ! Qu’elle vienne : l’inspiration me saisit et m’oppresse, la fièvre de l’art est dans mes veines, ma palette est chargée pêle-mêle, ma grossière palette en