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d’alfred johannot.

reur parcourait le Louvre pour se distraire de ces grands ennuis qui déjà l’accablaient, il remarqua dans un coin de ces vastes galeries, encore remplies de ces chefs-d’œuvre sans prix que la guerre nous avait apportés, et que la guerre devait nous reprendre si tôt, deux jeunes enfants qui travaillaient avec ardeur. L’un de ces enfants était blond et rose et joyeux c’était Tony ; l’autre était brun et pâle et déjà pensif : c’était Alfred. Leurs deux regards, tantôt fixés sur le modèle, tantôt fixés sur leur toile, ils n’avaient pas vu venir l’Empereur. L’Empereur les regarda quelque temps avec un regard plein de mélancolie et de regrets. Il admirait sans doute ces deux jeunes passions si doucement éveillées, cette ignorance de tout ce qui était de l’histoire, et une sévère histoire, même en ce temps-là, cette insouciance pour tous les orages dont l’avenir était gros ; et alors et presque sans le savoir, il étendit la main sur ces deux enfants ; et tout d’un coup Alfred et Tony sen-