Page:Janin - Les catacombes, tome 4.djvu/81

Cette page a été validée par deux contributeurs.
76
le livre

comme un païen. Mettez donc tout simplement à votre boutonnière ce brin de serpolet à demi brisé : j’espère que vous ne vous en trouverez pas plus mal ; c’est un talisman qui m’a déjà porté bonheur. Rappelez-vous seulement que je vous le prête et que je ne vous le donne pas.

Il me regarda d’un air si triste que j’eus envie de lui rire au nez ; mais cependant il se laissa faire (on s’accroche même à un brin d’herbe quand on aime), et nous sortîmes, lui et moi, pour aller au bal de Mme de Melcy, à laquelle il devait me présenter. Nous entrons. Les deux rivaux étaient déjà dans la place, où ils avaient introduit les plus belles fleurs et les plus rares. Les salons se remplissaient lentement ; la belle veuve était triste et rêveuse. Le jeune homme me présente : elle me salue de cette façon languissante qui veut dire : À la bonne heure, quand tout à coup son regard s’anime, le sourire revient sur ses lèvres.