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le livre

ce drame que Shakspeare appelle la Tempête, dans lequel l’informe Kaliban joue un rôle aussi important que le gentil Ariel.

J’en étais là de ma contemplation quand Mme Prevost rentra dans sa boutique, toute chargée de l’odorante moisson qu’elle avait faite dans ses jardins. J’étais si absorbé dans ma lecture que je ne t’entendis pas venir. — Ah ! s’écrie-t-elle en voyant son livre ouvert sous mes yeux, qu’avez-vous fait ! — Et elle m’arrachait le livre des mains avec une indignation mêlée de pitié.

Je compris ce qu’elle voulait dire ; je lui demandai pardon, les mains jointes. — Vous êtes assez puni, me dit-elle doucement : bien que vous n’ayez lu que les premières pages de ce livre, vous en avez vu assez pour deviner tout ce que le monde contient de lâchetés et de trahisons. Ainsi est fait ce monde si brillant, si paré, si calme ; il est tel que vous venez de le voir ; voilà les immondices que recouvrent mes fleurs. Pas