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de madame prevost.

à la porte d’un marchand de vin : il flaire les melons les uns après les autres, il met son nez rouge Dieu sait où ! il tâte son melon, il le pèse, il le marchande ; il l’emporte en triomphe tout ruisselant de sueur. À la bonne heure : cet homme-là sait son métier ; mais, par le ciel ! s’il entrait jamais chez moi un pareil homme pour flairer, pour tâter, pour chiffonner mes fleurs, je ne lui vendrais même pas un paquet d’épines ! Et puis, voyez-vous la figure d’un niais qui s’en va dans les rues, un bouquet à la main et longeant le trottoir ? Cet homme semble dire aux voisins : Regardez-moi : j’ai un pantalon de nankin et un gilet de velours ; c’est moi qui fais la cour à Mme *** qui demeure au no 20, à l’entresol ! » Quand Mme Prevost parlait ainsi, elle était charmante ; son œil noir s’animait comme son sourire, et de ce sourire et de ce regard tombait je ne sais quel ridicule, auquel personne n’eût échappé s’il n’y eût pas eu sous cette grâce et sous cet esprit un tendre cœur qui