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à charlet.

pouvez leur donner du pain, du vin, de la poudre, du fromage, des fusils, qui ne sont pas des fusils-Gisquet du tout ; du tabac à fumer, à priser et à chiquer, des cuisinières qui mettent en réserve le premier bouillon de l’amour ; tous les délices de la vie, en un mot, vous les donnez à vos soldats ; après la bataille d’Austerlitz, Napoléon ne faisait pas mieux pour sa bonne armée que vous pour la vôtre, Charlet.

En effet, que manque-t-il à vos soldats ? Ils jouent, ils chantent, ils se battent, ils font l’amour, ils s’en vont de chez leurs parents, ils rentrent chez leurs parents ; autrefois même vous leur donniez la croix d’honneur ; et aujourd’hui, par une nouvelle et touchante sollicitude, depuis nos légionnaires par boisseaux vous ne donnez plus la croix d’honneur, même aux plus vieilles moustaches. Vous veillez sur la considération qui leur est due, et, plutôt que d’en faire des chevaliers, vous aimeriez autant les appeler ducs et mar-