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étienne béquet.

qui n’auraient pas mieux demandé que de le lui rendre ; la vue seule d’un encrier et d’une plume lui faisaient le même effet que l’eau sur les hydrophobes. À dater de ce triste jour il vécut seul, tout seul ; il relut les chefs-d’œuvre épars dans sa chambre sans tapis ; il s’abandonna obscurément à cette passion qui a inspiré tant de beaux vers, trop de beaux vers, que Béquet a pris au sérieux ; malheureuse passion qui a détruit si vite, hélas ! une des plus belles intelligences de ce temps-ci, qui a emporté tout ce talent, tout cet esprit, toute cette bonté, tout ce style ! Et cependant ses amis le pleuraient !

Ils s’informaient de lui avec une inquiétude toujours croissante ; et, quand par hasard notre Étienne venait à Paris, c’était une joie universelle, une fête générale ; c’était à qui l’approcherait de plus près. On était si heureux de le retrouver ! Lui cependant, ce villageois, nous revenait toujours plus instruit des choses de la ville que ceux même qui y passent leur vie ;