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étienne béquet.

non sans avoir longtemps médité. Il écrivait très-lentement, ne laissant rien au hasard, n’abandonnant jamais à elle-même sa phrase commencée, mais au contraire la tenant serrée de très-près et lui laissant justement assez de liberté et d’espace pour qu’elle allât au but qu’il désignait. C’était un habile artiste, qui savait à fond toutes les ressources de la vieille langue, et qui eût rougi de se servir des artifices modernes. Il écrivit donc sa nouvelle lentement, posément, évitant certains effets que d’autres eussent été heureux de trouver, s’efforçant d’être simple avant tout, et restant calme même au milieu des désespoirs qu’il racontait. Il ne lui fallut pas moins d’un mois pour écrire ce chef-d’œuvre, intitulé Marie ou le Mouchoir bleu ; mais aussi, quand parurent ces quinze pages d’un style excellent, ce fut un ravissement universel. On était si peu fait à cette narration élégante, sans apprêts, à cette forme si simple, à cet art de tout dire sans trivialité et sans em-