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étienne béquet.

vue dans sa lèpre, la rhabiller comme le médecin recouvre de son lambeau hideux le lépreux qui lui a montré sa plaie ; vivre ainsi au milieu des mourants et des morts, et n’avoir pour se consoler de cette horrible vie que quelques beaux vers qu’on découvre par hasard, quelque page inconnue qu’on révèle au public, quelque talent ignoré dont on se fait l’appui et le défenseur, quelle épouvantable vie ! et cependant il faut bien qu’elle ait son charme puisqu’on l’accepte ; et puis, quand on l’a acceptée, rien ne peut vous tirer de cette profession décevante et dévorante : on y vit ; et l’on y meurt parce qu’on y a vécu.

Moins que tout autre Étienne Béquet a compris les périls de cette profession dangereuse. Son insouciant abandon, sa grâce parfaite, son tact exquis, ce merveilleux talent qu’il avait de tout dire sans offenser personne, ce besoin qu’il avait de parler toujours plutôt des morts que des vivants, ce profond sentiment des convenances qui ne l’abandonna