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de martial.

rait donc la poésie si elle n’apportait qu’humiliation sans fin, misères sans remèdes, isolement sans espérance ? Je n’en finirais pas si je voulais dire ceux et celles qui m’ont aimé ; et d’ailleurs, parmi ces dernières, tendres cœurs qui ont eu pitié de moi, il en est que je ne puis nommer. Les dieux me préservent de l’exil d’Ovide ! Mais ceux que j’ai aimés, je sais leur nom, et je les ai mis dans mes vers afin que dans mes vers il y eût place pour l’amitié aussi bien que pour la gloire. J’ai eu pour ami Vinatius, mon esclave ; et, comme il était près de mourir, je l’ai affranchi, lui donnant ainsi la liberté, le plus grand don que je pouvais lui faire. J’ai été l’ami de Faustinus, et je n’ai envié ni sa maison de Baies, située dans cette vallée profonde où mugissent les taureaux indomptés, ni son jardin d’une facile culture, ni ses vieux arbres, abri impénétrable contre le soleil. J’ai préféré Posthumus aux Pisons, descendants des amis d’Horace : il était pauvre alors, et je partageais avec lui ce pauvre rien du pauvre