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les mémoires

qui m’en crachai deux au visage ; de l’ivrognerie de Sextilianus dans les cabarets les plus diffamés, des plagiats de Fidentinus, de la maîtresse de Régulus, du petit chien de Mummia, de Fescennina la buveuse, du ventre affamé de Nomencianus, de la voix d’Églé, rauque tant qu’Églé fut jeune et belle et qui est redevenue douce et flûtée ! Non, non, ce n’est pas là toute ma vie ; il est impossible que tout l’esprit et tout le cœur que les dieux m’avaient donnés se soient usés uniquement à ces petits commérages, l’amusement des riches et des sénateurs de Rome. Non certes, Martial le poëte, qui admirait avec passion Horace et Virgile, qui se prosternait devant le génie de Lucain, tué par Néron, qui fut l’ami du grave satirique Juvénal, Martial n’a pu perdre ainsi son génie à creuser un grand trou parmi les roseaux pour proclamer les oreilles du roi Midas. Patience ! patience ! laissons de côté mes commencements misérables ; laissez-moi chercher dans ma vie quelques belles poésies