Page:Janin - Les catacombes, tome 4.djvu/115

Cette page a été validée par deux contributeurs.
110
les mémoires

du corps, le cœur gai, sans songer à l’argent. Le soir venu, pendant que ma petite lampe jetait sur mes livres une douce clarté, j’écrivais lentement sous l’inspiration des muses de la nuit. Là j’étais véritablement mon maître, je redevenais un homme : j’osais chanter la liberté romaine, mon vieil amour ; je célébrais tous les grands hommes de la République, le vieux Caton, le vieux Brutus, tous les héros de cette Rome qui n’était plus ; j’écrivais à Juvénal, le maître de la satire romaine, et je lui envoyais les pâles fleurs de mon petit jardin ; quelquefois aussi, tout à l’amour, je célébrais les belles et jeunes femmes qui avaient daigné sourire à ma poésie, fille de l’amour ; quelquefois encore, tout à l’amitié, je me reposais de mon métier de parasite, et, chose incroyable ! j’invitais mes amis à dîner : « Si vous êtes condamnés, leur disais-je, à dîner chez vous, venez plutôt jeûner avec votre ami Martial. Vous ne manquerez guère chez moi, vous les joyeux convives, ni de lai-