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de martial.

rien donné pour le petit cadeau que je t’ai fait, et pourtant déjà se sont écoulés cinq jours des kalendes. Je n’ai pas même reçu de toi un scrupule d’argent, pas même un pot de thon d’Antibes ! Trompes-en d’autres par de fausses paroles ! » La rougeur me monte au front à ces souvenirs.

Dans mes bons jours, quand j’avais une toge à demi neuve et de quoi vivre pour un mois, j’étais le plus heureux des hommes ; car il fallait bien peu pour vivre à ce célèbre et redouté Martial. Je quittais Rome, où le temps va si vite : alors j’avais un peu de bonheur ; alors plus de clients à visiter le matin, plus d’avocats à entendre à midi, plus de vers à lire le soir ; j’étais mon maître. Au point du jour j’adressais ma prière aux dieux domestiques, je me promenais dans mon petit champ, je lisais les vers de Virgile, ou bien j’invoquais Apollon pour mon propre compte ; après quoi je frottais mes membres d’une huile bienfaisante et je me livrais à quelque exercice