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de martial.

Quand j’eus ainsi remplacé la louange par la satire je m’aperçus que ma tâche était bien facile : cette société romaine, usée jusqu’à l’échine, est aussi pleine de vices que de ridicules. Il y avait un savetier qui donnait au peuple des combats de gladiateurs : je perçai le savetier de mon alène poétique ; Ligurinus, à sa propre table, nous récitait ses petits vers : je mis à l’index les petits vers de Ligurinus ; Gellia se couvrait de parfums : je soufflai sur ces parfums de Gellia et j’en démontrai l’infection ; on disait de toutes parts que Cotilus était un jeune homme bien élevé : « Pourquoi bien élevé ? m’écriai-je : parce que sa chevelure est bouclée ? parce qu’il s’en va fredonner des chansons égyptiennes ? parce qu’il passe sa vie à causer avec les femmes ? parce qu’il s’écrit à lui-même des lettres d’amour ? Par Jupiter ! Livius Gergilianus est un homme aussi bien élevé que Cotilus : il s’épile le visage et le menton. — Mais silence ! entendez-vous Rufus s’emporter contre son cuisinier ?