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ALBERT DURER.

inexprimable et plein d’émotions à ces chastes et graves récits.

Albert continue son histoire en ces termes :

« Ce cher père avait eu grande attention, en son âme et conscience, d’élever ses enfants à la gloire et dans la crainte de Dieu ; car c’était là sa plus grande ambition : bien élever sa famille. Voilà pourquoi il nous exhortait chaque jour à l’amour de Dieu et du prochain ; après quoi il nous apprenait à aimer ce qui était beau ; l’art était notre seconde adoration. Il s’attacha surtout à moi, me voyant appliqué et plein de zèle. Il m’envoya a l’école de bonne heure ; et, quand je sus lire et écrire, il m’envoya en apprentissage chez un orfèvre. Je restai là assez longtemps à travailler ; mais je me sentis à la fin plutôt un peintre qu’un orfèvre. Je priai donc mon père de me permettre d’être un peintre. Lui d’abord fut bien mécontent de ma demande, et il eut fort regret du temps que j’avais perdu chez mon orfè-