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LES ÉGOUTS.

Bièvre. Il n’y a pas un égout de Paris dont les exhalaisons aient corrompu une seule livre de viande, aient fait tourner une seule goutte de bouillon. Vous avez vu que la chair humaine sous la marmite faisait un aussi bon pot-au-feu qu’une savate. Les vidangeurs et les boyaudiers vivent très-bien à côté de leurs boyaux, à côte de leurs vidanges. Dieu soit loué !

Mais cependant, qu’est il besoin d’aller chercher si loin ou si bas des égouts et des cloaques chaque maison de Paris ne porte-t-elle pas dans son sein son égout et son cloaque ? L’histoire des fosses d’aisances n’est pas moins digne d’intérêt que toute autre histoire de ce genre. Autrefois la fosse d’aisances laissait couler tout ce qui pouvait s’échapper dans les nappes d’eau environnantes : aujourd’hui c’est une citerne imperméable qui garde tout ce qu’on y jette ; autrefois les lieux à l’anglaise étaient un luxe : c’est presque une nécessité aujourd’hui ; autrefois le bain à domicile était une espèce de viatique