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ET LA SŒUR GRISE.

Ce soir je verrai le diable ? Or, je retrouvai le diable un soir que je ne m’y attendais pas.

La soirée était calme et sereine. J’étais debout sur cette terrasse de Belle-Vue, noble château démantelé qu’on a divisé entre plusieurs bourgeoises qui jouent de leur mieux leur rôle de princesses du sang royal. Tout à coup je vis à mes côtés, et qui semblait partager ma muette contemplation, une jeune femme d’une taille élancée et vigoureuse. Son visage pâle était magnifiquement éclairé par deux grands yeux noirs qui jetaient des étincelles ; ce regard tout brûlant plongeait sur Paris avec une ardeur fiévreuse. — Sous ce nouveau déguisement je reconnus le diable.

— C’est fort heureux lui dis-je ; je vous retrouve enfin, monseigneur ! Pourquoi donc être parti ainsi, l’autre jour, quand je vous écoutais avec le plus d’attention ? C’est un misérable petit artifice oratoire bien indigne d’un esprit comme vous.

— Tu en parles bien à ton aise, répondit