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LA SŒUR ROSE

qui l’aimait et qui avait porté sur elle toutes les affections de sa vie, maria cette fille bien-aimée à un beau jeune homme, le marquis de Cintrey, qu’on renommait en ce temps-là pour ses bonnes mœurs. Mais, hélas ! si tu savais, mon fils, quelles étaient les bonnes mœurs de ce temps-là, comme tu mépriserais la jeunesse dorée de ce siècle ! Quand par hasard je vois messieurs vos gentilshommes à la mode, ceux que vous appelez fièrement vos roués, vos débauchés, vos joueurs, quand je compare vos Lauzun, vos Richelieu de ce siècle, même aux valets de chambre de M. le maréchal duc de Richelieu, je me prends à sourire de pitié : tous ces petits messieurs, que votre époque regarde avec admiration comme le nec plus ultrà de la rouerie humaine, n’iraient pas aux talons des plus sages abbés de Saint-Sulpice en 1764. Ces messieurs sont ivres-morts à l’heure où le xviiie siècle commençait à boire ; une journée de jeu les ruine jusqu’à la troisième génération ; ils courent depuis