dait grâce au ciel, car au moins savait-il à jamais son nom éteint, et, de ce côté-là, était-il sans inquiétude. Son fils mort, il lui restait deux filles, Louise et Léonore, d’un naturel bien différent : Louise c’était l’ange, Léonore c’était le démon ; l’une était si pure que jamais pensée mauvaise ne put approcher même de sa tête, et même en songe, l’autre était déjà pervertie à quinze ans. Toutes deux elles étaient belles de la même beauté… Mais je suis bien bon de me fatiguer à te faire des descriptions comme si j’étais un conteur ordinaire. Regarde plutôt.
Je vis en effet, toujours à l’aide de cette main transparente du diable, dans un beau jardin du vieux temps deux jeunes filles à peu près du même âge, seize ans à peine. Je reconnus Louise au calme de sa belle figure, à la blancheur transparente de son teint, à l’éclat de son regard bleu comme le ciel ; je reconnus Léonore à la vivacité de ses regards, à la pétulance de sa démarche, à l’a-