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LA SŒUR ROSE

m’oublie en vaines dissertations. Que voulez-vous ? j’ai la tête si remplie de romans modernes, de drames modernes, de mémoires, de révélations, sans compter qu’on vient d’inventer une autre espèce de torture morale qu’on appelle Histoire des salons de Paris ! C’est à en perdre la tête ; mais on a la tête forte, heureusement.

Donc, il y a de cela cinquante ans, plus ou moins, vivait loin de Paris, loin de Versailles un honorable gentilhomme plein de bon sens et de courage. Il avait tant de sens qu’il avait deviné que, pour ne pas périr si vite, l’aristocratie française aurait dû se défendre et non pas s’abandonner à plaisir ; il avait tant de courage qu’il osa résister au double envahissement de la philosophie et du peuple. Dans l’incroyable délire qui s’était emparé de tous les gens de sa caste, le vieux comte de Fayl-Billot (c’était son nom) vivait seul avec ses tristes pressentiments. Il avait perdu son fils unique à la bataille de Fontenoy, et il en ren-