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ET LA SŒUR GRISE.

— Je disais, reprit le diable, que je suis un fou et un insensé de parler ainsi, dans la simplicité de mon esprit, avec de pareils êtres, incomplets et pétulants, qui ne savent rien et qui veulent tout savoir. Il faut en vérité que je sois bien oisif pour m’arrêter avec un auditeur de votre espèce, qui m’interrompt sans respect à chaque phrase que je commence ! Me prends-tu donc pour un faiseur de vaudevilles de bas étage ? ai-je donc l’air d’un poëte de carrefour ? Apprends que ce qui fait que le diable est le diable, c’est-à-dire que le pouvoir est le pouvoir, que la volonté est la volonté, c’est au contraire l’inexorable logique des gestes et des pensées du diable : d’un être comme moi tout se tient, le commencement, le milieu et la fin. Tout à l’heure, quand tu détournais la tête avec effroi des grisettes, des soubrettes, des comédiennes, des jeunes femmes et des jeunes gens qui ont été les amis et les compagnons de ta folle jeunesse, je t’ai expliqué comment tu avais eu tort d’évoquer ces dix années de