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UNE NUIT

parai de mon mieux le désordre de sa toilette. Il était complet ; et même ce ne fut pas sans pâlir que je remarquai que, dans le vagabondage de sa nuit, la Reine avait perdu une des perles qu’elle portait à ses oreilles aux grands jours. En effet l’oreille droite était nue, tandis qu’à l’autre oreille était encore suspendue la seconde merveille de l’Orient. La Reine tenait dans ses mains une large pancarte : il s’agissait de plusieurs royaumes que lui avait donnés Antoine pendant la nuit. Je m’emparai à mon tour de cet argument sans réplique :

— Cet homme qui paie les faveurs d’une femme avec des villes et des populations entières, cet amant fougueux qui donne à sa maîtresse des milliers d’hommes pour un baiser, ce terrible empereur qui joue la vie et les destinées de Rome sur un sourire, cet époux de la jeune et timide Octavie qui vit en plein jour avec une prostituée, cet homme dont les esclaves sont salués à genoux par les rois, voilà pourtant la république, que tu nous vantes