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UNE NUIT

deur, telle était la Reine. Il faut l’avoir vue comme moi pour se la figurer parcourant les rues de la capitale enveloppée dans un tapis.

Toutefois ce fut un étrange spectacle, pour nous surtout qui n’avions aperçu cette grande puissance de l’Orient qu’à travers les pompes de la cour et les apprêts minutieux de sa coquetterie de femme, de la voir étendue à nos pieds, ivre-morte et dans un désordre si complet que vous l’eussiez prise pour une bacchante dans un jour d’orgie, oubliée par les satyres au coin d’un bois. Elle était là immobile, pâle comme la lumière qui frappait sur son pâle visage ; ses cheveux étaient en désordre, elle était à peine vêtue ; et il eût été difficile de reconnaître à ces yeux égarés, à cette bouche entr’ouverte l’ancienne amante de César, la jeune et belle reine de l’Orient ; d’autant plus qu’avant cette ivresse nous nous souvenions d’une manière invincible de ses visites multipliées autre part qu’au palais d’Antoine. Voilà l’affligeant spectacle qui