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DANS ALEXANDRIE.

pourpre tyrienne, d’abord j’aperçus une lueur, fugitive, quelque chose de blanc qui se cachait sous ces plis de pourpre, jusqu’à ce qu’enfin, à l’extrémité même du tapis, je découvris, le dirai-je ? Cléopâtre elle-même, la reine d’Alexandrie, la maîtresse d’Antoine, endormie et plongée dans une ivresse léthargique !

Vous ne seriez guère avancés si, à ce propos, j’avais besoin de vous prémunir contre tous les mensonges de l’histoire. On en a fait beaucoup sur Cléopâtre ; et même ceux d’entre vous qui se souviennent de l’avoir vue sur nos théâtres, sous les traits imposants et sous la taille majestueuse d’une tragédienne célèbre n’en auraient qu’une très-fausse idée. Cléopâtre ne ressemblait en rien à mademoiselle Georges : elle n’avait ni les beaux traits de son visage, ni cet imposant ensemble, ni cette voix sonore et pure. Vive et pétulante comme une jeune panthère, quatre pieds au plus, la peau légèrement brunie, une voix aigre et colère, un visage d’enfant dédaigneux et bou-