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UNE NUIT

— C’est un pesant fardeau, disait Éros, que de porter la Cilicie, la Cappadoce, le Pont-Euxin, je ne sais combien de villes nombreuses…

— Mais je suis aussi fort que toi, Éros, ce me semble, et si tu portes tout cela je pourrai bien le porter moi-même.

— Aussi fort que moi ? disait Éros ; impossible ! tu es un homme libre, et j’ai sur toi l’avantage d’être un esclave.

Et il poursuivait sa pensée tout en se parlant à soi-même :

— Un bon esclave est le maître de son maître ; si son maître est le maître du monde, il est, lui aussi, le maître du monde ; si la fortune sourit à son maître, il a la plus grande part de ce sourire ; et quand la beauté se rend à son maître il a encore le droit de s’en féliciter… Voilà bien la peine d’être libre ! reprit-il après un instant de silence. Tout homme libre que tu es, si tu laissais tomber ce fardeau tu serais mort : il y aurait un tremblement de terre au premier