une traduction de Shakspeare ; mais vous m’excuserez si vous songez sous combien de révolutions poétiques il m’a fallu courber la tête. Enfant, j’ai commencé par scander les vers de Sophocles et d’Homère ; homme fait, je me suis occupé de l’alexandrin de Virgile et des vers saphiques d’Horace ; sous le grand poëte Ronsard, je me souviens d’avoir été un des meilleurs poétiseurs français. À présent votre mode poétique est trop variable pour que je puisse m’y soumettre. Pardonnez-moi donc mes vers blancs, s’il vous plaît… Pardon encore, je ne sais plus où j’en étais de mon récit.
— Vous en étiez à l’esclave, reprit vivement un tout jeune enfant qui avait l’air de dormir sur les genoux de sa mère.
— Et le chanteur chancelait de plus belle tout en riant.
— Si tu voulais me confier ton fardeau, Éros, lui dis-je, je le porterais bien à ta place.