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UNE NUIT

comme un consul, tandis que je devrais être heureux comme un grand-prêtre.

Puis, élevant les yeux vers son tapis avec un air langoureux et sentimental qu’il avait puisé dans une vieille amphore de vin de Chypre :

— Joli fardeau, disait-il. Que ne suis-je le grec Anacréon ! je te ferais une petite chanson de dix syllabes, toi qui es l’arbre sous lequel repose mon maître dans les grandes chaleurs de l’été, comme Bathyle pour le vieillard de Cos !

— Quel est donc cet arbuste que tu portes ? reprit l’impatient Scaurus.

Éros reprit en chantant sur un air de courtisane :

Un joli arbre, sur ma foi : ses fleurs sont des perles blanches,
Ses feuilles sont d’or comme la fleur de saule.
Trop heureux qui peut serrer ce jeune tronc dans les deux mains !
Trop heureux qui peut embrasser ses racines !

Je vous demande pardon, mesdames, dit le comte en s’arrêtant : j’ai honte moi-même de ces vers blancs, qui me feront prendre pour