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UNE NUIT

guerre ; et même ce soir-là le festin était plus somptueux que jamais, car on parlait dans le public d’un défi entre Antoine et Cléopâtre, d’une lutte inouïe même entre ces deux puissances, d’un triomphe de volupté qu’il s’agissait de remporter. L’arrivée de l’esclave au tapis de pourpre fut donc brillante et animée ; le banquet recommença de plus belle, les flambeaux jetèrent une clarté plus grande. Pour nous cependant, assis à la porte du palais, et sans nous communiquer nos émotions, nous nous livrions à mille pensers divers. L’âme de Scaurus était en souffrance : sa sévère indignation ne pouvait se contenir à la vue de ce Romain qui se jouait d’un monde et qui aurait donné le Capitole pour une nuit de volupté. Moi, au contraire, en homme qui a beaucoup vécu, je trouvais plaisante cette destinée de la vieille Rome qui venait aboutir, en dernier résultat, aux plaisirs d’un débauché et d’une reine adultère. En vérité pour celui qui sait l’histoire c’est une bien