pre tyrienne ; car à la clarté des flambeaux nous apercevions la couleur douteuse du mystérieux tapis.
— Vous m’avouerez, me disait tout bas mon stoïcien, que voilà un singulier messager : généraux et soldats, la tente du diplomate et la simple caserne, tout lui convient ; il se glisse partout avec la même sécurité… Et, si je ne me trompe, le voilà qui entre dans le palais d’Antoine aussi facilement qu’à Athènes j’entrerais à l’Académie.
Et en effet, au milieu de mille acclamations bruyantes, ce tapis fut introduit dans le palais. Le palais du général éclatait de mille feux ; échauffés par le vin, les convives, Africains ou Romains, esclaves parvenus ou nobles descendant de familles patriciennes, se livraient à cette gaieté bruyante qui plaisait si fort à l’Empereur. Savant dans les voluptés de l’Asie, on avait vu Antoine donner une ville pour un bon plat de poisson, honorer son cuisinier à l’égal d’un homme de