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MON VOYAGE

d’acier et cœurs de femmes. Quel étrange pêle-mêle, grand Dieu ! et que ce doit être en ce lieu une singulière nuit de Noël quand tous ces morts s’animent de nouveau pour une heure ! Le duc Rollon descend le premier de son cadre, où je l’ai vu sombre et révère ; et alors, en parcourant les salles magnifiques, en foulant les parquets somptueux, il se demande : — Qu’a-t-on fait de mon toit de chêne ? qu’a-t-on fait de ma vaste cheminée ? et pourquoi les dalles de pierre de ma citadelle normande ne résonnent-elles plus sous les éperons de mes chevaliers ? — Ainsi dit Rollon, ainsi Guillaume, ainsi Robert ; ainsi disent tous les anciens comtes d’Eu que vous voyez là-haut, fixés sur la muraille et regardant d’un œil farouche les frêles et rieuses beautés de la Régence. Le comte Robert cherche en vain la salle où mourut Béatrix, son épouse bien-aimée : cette chambre de deuil est devenue une chambre nuptiale ; Béatrix s’appelle Louise, Guillaume, aux yeux crevés, cher-