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MON VOYAGE

les os du héros dont il porte le nom ? Vaines et froides sépultures reblanchies d’hier, qui semblent accuser encore plus les profanations de nos pères qu’elles n’attestent nos repentirs tardifs ! Aujourd’hui les tombeaux violés ont perdu leur majesté sainte ; nous ne savons plus comment on rend hommage aux morts ; trop heureux encore quand nous nous retrouvons dans le cœur quelque respect pour les tombes qu’on n’a pas violées et pour les ruines qu’on a réparées ! C’est que, savez-vous ? on répare une ruine, mais on ne refait pas une tombe ; nous pouvons bien dire aux vieilles pierres : Relevez-vous ! mais dire aux ossements épars : Rentrez dans le cercueil ! il n’y a qu’une voix qui puisse le dire, c’est la voix qui nous parlera à tous dans la vallée de Josaphat. Laissons donc ces tombes réparées, quittons ces bières vides et dévastées ; nous avons assez vu le vieux cimetière, qui ne peut que remplacer les nobles morts d’il y a huit cents ans par les morts vulgaires d’aujourd’hui et