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MON VOYAGE

teaubriand ! Les marins du port regardaient le grand poëte avec autant d’émotion que lui-même il regardait la mer ; bien plus, les Anglais eux-mêmes, à l’aspect du poëte de la France, avaient l’air ému et attendri.

Voilà ce que c’est que la gloire ! Imposer silence même à la mer ! rendre attentif même le rude matelot qui ne sait pas lire, et qui pourtant sait votre nom ! remplir par sa seule présence tous les yeux de larmes et tous les cœurs d’émotion ! Croyez-vous que ce ne soit pas là la gloire ?

Eh bien ! non ce n’est pas là encore la gloire. La gloire c’est de pouvoir se dire comme M. de Châteaubriand : À l’heure qu’il est je donne au monde, par mes livres, les plus grandes et les plus salutaires leçons de la philosophie et de la morale ; à l’heure qu’il est je fais la joie et le bonheur du foyer domestique : les jeunes gens et les vieillards s’inclinent devant moi comme devant leur maître ; le tout petit enfant lui-même apprend à épeler le nom de