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MON VOYAGE

bonds d’Angleterre ; alors vous êtes sur le point de chanter comme Tancrède : Ô patria ! Voilà ce qui fait qu’à Dieppe on a vite fait amitié de France à France, de main blanche à main blanche. Sur la mer, dans la mer, partout les Français se recherchent et s’appellent, se liant, se reconnaissant, s’admirant les uns les autres ; jamais on n’a tant aimé ses semblables ! jamais on ne s’est senti si heureux de se voir et de se revoir ! C’est ainsi qu’on élève autel contre autel, c’est ainsi qu’on se renforce contre l’Anglais les uns les autres, et qu’on répond à ses cris aigus par des sourires, à sa joie si triste par une franche gaieté, à son appétit farouche de table d’hôte par quelques repas élégants et choisis au parc aux huîtres, à son amour pour la bière ou pour le cidre à dépotoyer par quelques joyeux verres de vin de Champagne, ce vin français qui reconnaît au premier bond un Français de France, et qui le remercie en frémissant de plaisir de lui épargner la dou-