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MON VOYAGE

des bains de Dieppe est en petit l’histoire du Versailles de Louis XIV : cette plage, bâtie tout exprès pour la duchesse, est à peu près déserte ; cette vaste salle de bal disposée pour elle, où elle venait danser comme une mortelle, et qui n’était pas assez grande pour contenir la foule de tous ses courtisans jeunes et bien portants, est à peine à moitié remplie par quelques malades froids et silencieux ; plus de fêtes, plus de joie, plus de promenades en mer, plus de brillants carrousels, plus d’écho qui répète les folles paroles, plus rien de cette jeunesse dorée qui se promenait sur le rivage, hier encore si insolente, si heureuse, et maîtresse de l’avenir ! Autrefois cette riche galerie qui tombe sous le vent de l’adversité était ouverte à tous les baigneurs gratuitement, et elle faisait fortune ; aujourd’hui on paie pour y entrer, et la galerie est ruinée. Mais je n’ai pas besoin de m’arrêter davantage à vous décrire cette mesquine désolation : ne vous êtes-vous pas promené plus d’une fois