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MON VOYAGE

croyance, un bronze d’hier entouré de toutes les adorations et de tous les respects de la foule ; ici un temple sans dieu, et là-bas un dieu sans temple ; des ruines saintes autrefois, aujourd’hui dévastées, et que réparent lentement, chétivement et tristement quelques manœuvres sans foi qui se croiraient mieux employés à construire un corps de garde ou une mairie ; sur le pont un homme autrefois méconnu, humilié, chassé, couvert de misère, bien plus, couvert de boue par le comédien qui passe, et pour lequel on vient de construire un piédestal tout neuf de marbre et d’airain ; ici une église silencieuse, dévastée, livrée à la poussière, misérable ; là-bas un culte de toutes les intelligences et de tous les cœurs ; ici la désolation et l’oubli ; là-bas le respect et l’admiration. En présence de pareils spectacles et de si tristes antithèses, qui oserait dire de quel côté aujourd’hui est la croyance, et qui donc est devenu dieu ? Ce que c’est que le temps ! le temps enlève au Christ, qui a été